Psychopompe, Amélie Nothomb

« Ecrire, c’est voler. »

RESSENTI

Ecrire, c’est voler, voilà une phrase bien énigmatique accompagnée d’un titre qui l’est tout autant, il n’en fallait pas plus pour que j’ai envie de le découvrir.

Psychopompe, pour tout passionné de mythologie le mot n’est pas inconnu, cela dit on se demande qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de l’auteur pour le choix de ce titre, il faut lire le livre pour le comprendre assez rapidement. Le conducteur des âmes vers la mort, tout un programme. C’est un livre très personnel sur la pré-adolescence d’Amélie Nothomb et son rapport aux oiseaux, à la mort en général et celle de son père en particulier. Mais aussi son rapport indispensable à l’écriture, véritable thérapie pour elle.

Fille de diplomate, Amélie voyage beaucoup, au gré des déplacements de son père elle s’habitue à de nouveaux lieux et cela lui permet de découvrir de nouvelles espèces d’oiseaux, une passion dévorante qui fait écho à sa vie. Sa vie, contrairement à ce que l’on pourrait penser n’est pas toute rose, elle se pose trop de questions, elle va subir un viol qui va l’entraîner dans l’anorexie et la mort de son père va beaucoup la toucher. Avec pudeur et poésie, elle nous laisse entrer dans son univers et son histoire. Elle nous confie sa difficulté à vivre, le poids des jours qui passent. La langue est belle, travaillée et c’est un plaisir de retrouver des mots que l’on n’entends plus depuis longtemps. D’ailleurs en parlant de langue, les langues mortes ont été pour elle d’un grand secours. Les parallèles faits entre les oiseaux et l’écriture sont superbes et on a envie de les retenir.

C’est un récit touchant et qui complète les quelques autres livres personnels de l’auteur. On ne peut qu’être empathique avec cette jeune fille qui perd son innocence et sa confiance dans le monde. Le conte japonais d’ouverture est vraiment beau et fait une parfaite introduction à cette autobiographie. Je n’ai pas adoré, mais je n’ai pas détesté non plus. Je l’ai lu en une petite heure et je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer, je pense que le format court est idéal car peut être lassant pour certains lecteurs les nombreuses références aux oiseaux, les citations à foisons.

A chacun de se faire son avis, le mieux c’est encore de le lire.

EXTRAITS/MORCEAUX CHOISIS

« Quand Rilke dit que l’écriture doit être une question de vie ou de mort , je n’y vois aucune métaphore »

 « Désormais, écrire, ce serait voler. Je ne suggère pas que me lire est un exercice d’altitude, je sais que quand j’atteins mon écriture, je vole. »

« Les défunts sont très à cheval sur la politesse, ils n’aiment guère qu’on les force à réagir. On peut leur parler, on ne peut pas exiger qu’ils répondent. »

« L’intérêt d’écrire au quotidien, c’est aussi cela – ne jamais oublier à quel point c’est difficile.
J’eus à apprendre également la règle de s’embarrasser d’un minimum de matière. Pour s’envoler, I’oiseau sait ce qu’il ne faut pas emporter : tout ce qui pèse.
A quoi reconnaît-on l’écriture du débutant?
A ses excédents de bagages. Il n’épargne rien à sa phrase, et si on le ques- tionne sur l’importance de tel ou tel élément, il s’insurge : – Ah, ça change tout, on a besoin de le savoir! Pouvoir différencier le détail qui compte de celui qui leste, le mot puissant du mot encombrant : un art qui prend des années. »

« Je redécouvris cette ivresse de se réveiller avec le jour et de rester au lit pour guetter les chants d’oiseaux. Bonheur sans nom de les identifier peu à peu, comme on le ferait pour les instruments d’un orchestre. Joie de sentir la liesse de cette musique et de s’en laisser envahir »

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