La maison squelette, Camille Patrice

Date de parution : 06/09/2023 – Prix 19€
Editeur : Leo Scheer

« La Maison Squelette s’est construite sans plan ni architecte. Elle s’est érigée sur les bribes de mes deuils et de mes souvenirs, se plantant au milieu de mon paysage pour en prendre toute la place. Celle que les absents avaient laissée. La Maison Squelette a accouché de toutes les autres. Toutes ces maisons dans lesquelles j’ai vécu, en les aimant souvent, les haïssant parfois.
Au milieu de tous ces lieux perdus, se tenait toujours mon père. Lui qui était devenu le fantôme de ma vie, je le convoquais à chacune de mes errances. Nos retrouvailles régulières, entre les quatre murs de mon esprit, m’ont appris à affronter sa mort. En perdant mon père, je me suis un peu perdue, moi aussi. Me retrouver aura pris le temps d’achever ce livre. »

RESSENTI

Merci à Gilles Paris pour la découverte de ce livre, je ne l’aurais probablement pas lu sans son envoi et j’aurai raté quelque chose car il sort de l’ordinaire et m’a beaucoup plu. C’est ici un roman très original que nous propose Camille Patrice tant par sa forme avec l’alternance de moments crus, forts et de poésie que par son contenu car elle se raconte par les maisons qu’elle a habité. Et ça m’a interpellée car je crois au passé des habitations et aux vibrations qui restent et qui influent sur les nouveaux occupants. Ca m’a aussi interpellée car si on réfléchit bien chaque lieu où nous avons habité nous a laissé des souvenirs qu’ils soient bons ou mauvais. Même ceux de notre enfance, on a tendance à les rattacher à des personnes, des évènements, une époque.

L’auteur donc se raconte aux lecteurs à travers une dizaine de maisons, ce qui est aussi curieux et inhabituel c’est qu’elle ne donne aucun nom, ni aucun prénom tout du long. En effet, elle utilise la fonction + 1 adjectif qui définit la personne, comme par exemple sa mère qu’elle appellera « maman poupée » pour son père ça sera plutôt « grand singe »… C’est assez déstabilisant au départ mais très vite on s’y habitue et on prends le pli. Il y a quelques choses qui résonne en nous au détour des visites que l’auteur nous fait faire dans ses maisons, je me suis surprise à plusieurs reprises à penser aux lieux que j’ai habité et quelques souvenirs se sont immédiatement rappelés à moi, malheureusement pas que des bons mais c’est une expérience particulière.

L’autrice nous parle de ses deux familles un côté très bourgeois vieille France et l’autre Maghrebine pauvre, c’est à la suite de la mort de son père qu’elle s’est lancé dans l’écriture de ce livre, qui est son premier roman. J’ai aimé malgré le style trash à certains moments que ce ne soit pas du voyeurisme et que ça reste une invitation à un voyage assez original et inattendu. Elle ne nous cache rien de ses joies, ses amours, ses espoirs, ses secrets, ses colères, détestations et à travers tout cela c’est un peu de nous que nous retrouvons. Le dernier chapitre m’a marqué et l’épilogue est juste beau.

Un livre coup de poing au style soigné sur la découverte de soi et la reconstruction nécessaire après un deuil. Comment surmonter l’échec du père et sa mort qui remue tant de souffrance et de manque. Elle nous rappelle que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et qu’il est compliqué de vivre entre amour et haine, espoir et désespoir la plupart du temps. Un premier roman extrêmement réussi et qui, je l’espère, ne sera pas le dernier car je vais suivre Camille Patrice de près.

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