L’homme qui marche, Franck Maubert

91RL12gAnZL

 

 

L’HISTOIRE
En septembre 1945, Alberto Giacometti retrouve son atelier parisien, dont la guerre l’a tenu éloigné. Dans ses bagages, il rapporte ce qu’il n’a pas détruit, soit peu de choses : des têtes et des personnages en pied qui tiennent dans des boîtes d’allumettes. Il reprend aussitôt son travail sur la figure humaine. Sa perception de l’espace se trans­forme soudain. Durant l’année 1946 il trouve enfin sa voie. Il parvient à inventer une forme qui résume tout l’homme et sa condition : l’homme dans son extrême dépouillement, solitaire, frêle et puissant, en mouvement, pensant. C’est un coup de maître. L’Homme qui marche, cette haute figure aux longues jambes, la tête si loin des pieds rocheux, c’est vous, c’est moi. C’est l’artiste lui-même. Nous nous reconnaissons en lui. Mais sait-on bien d’où il vient ? Dans ces pages, Franck Maubert, auteur du récit Le Dernier Modèle (prix Renaudot essai 2012), va à sa rencontre et l’interroge. Il nous raconte l’histoire fascinante de ce chef-d’oeuvre, les circonstances de sa création, les sources qui l’ont inspirée et sa trajectoire dans les deux dernières décennies de la vie de Giacometti.

MON RESSENTI

Un roman court  qui tient plus du document d’ailleurs que du roman à proprement parler. Je l’ai lu assez rapidement tant j’ai été happée par la plume de l’auteur. L’homme qui marche est une sculpture en bronze de 108 cm de hauteur sur 97 cm de largeur réalisée en 1960. Giacometti modèle un personnage fragile pour symboliser l’homme : une peau fine qui couvre les os. La démarche est assurée, car cette marche est celle vers un monde meilleur. Le buste légèrement incliné, les bras ballants dans la position du balancier, les jambes très longues, tous ces éléments contribuent au dynamisme de l’œuvre et accentuent l’effet de marche. Mais les pieds surdimensionnés comme englués dans la glaise, collés au socle entravent cette marche en avant. Giacometti nous montre ainsi, combien notre démarche pour avancer dans la connaissance, est difficile et entravée e par des contingences matérielles. Il dit aussi qu’il faut »s’arracher »à la glaise de la matérialité du corps pour que l’esprit progresse. Cette homme qui marche ne peut être qu’une métaphore de l’homme et de ses aspirations spirituelles.

Franck Maubert a fait un beau travail de recherche sur l’oeuvre mais aussi sur Giacometti, sa vie, ses amitiés et comment est né l’oeuvre la plus chère du monde. L’homme qui marche c’est tout le monde et personne à la fois, c’est vous , c’est moi , c’est l’autre , il se dégage quelque chose d’universel de cette sculpture qui fait que je comprend tout à fait l’engouement et la curiosité qui ont poussé l’auteur à écrire ce roman passionnant. On sent  que l’auteur a fait des recherches sérieuses et qu’il est passionné à la fois par l’oeuvre et par l’artiste.

VERDICT
Les fans de Giacometti seront comblés car il y a des précisions sur ses techniques, son travail. Un très beau document sur l’oeuvre la plus connue du sculpteur qui se lit facilement.

  • Broché: 136 pages
  • Editeur : Fayard (13 janvier 2016)
  • Collection : Documents

2 réflexions au sujet de « L’homme qui marche, Franck Maubert »

  1. merci pour votre critique. Je découvre votre blog. Super ! Je vais vous suivre. Ce livre aussi m’a enchantée. Je vous laisse ci-dessous ce que j’ai écrit. Je glisse à chacune de mes lectures un petit commentaire dans le livre. Comme vous j’aime bien ne pas trop en dire mais me souvenir des émotions que le texte m’a inspiré.
    Avez-vous lui du même auteur « Visible la nuit ». Tout aussi sensible. Une belle promenade dans le temps, une jolie postérité que Franck Maubert a donné à l’artiste Robert Malaval. Une jolie petite musique.
    Allez je vous donne mon commentaire annoncé sur .L’HOMME QUI MARCHE

    Qui a lu un peu sur Giacometti sait son « insatiable » doute, ses recommencements permanents. Et Franck Maubert, qui ne peut échapper à cette connaissance nous fait voir tout au long de son récit, l’homme tout autant que l’œuvre ; sa recherche incessante de l’humain dans ses œuvres. Il nous parle de notre destin, que ce soit dans sa solitude ou dans son ravissement. Il montre cet équilibre toujours fragile autant que force vive même si brinquebalante. Franck Maubert nous ouvre les portes de ce Giacometti. Tout pourtant, a été sans doute écrit, mais l’émotion qu’éprouve Franck Maubert devant « l’homme qui marche » et la sensibilité qu’il en a de nous la rapporter, fait de nous lecteurs, les bienheureux de cette lecture. Œuvre ajoutée à l’œuvre. L’un écrit ce que l’autre a fabriqué. Belle complémentarité !

    J’aime

    1. Merci pour ce partage, j’aime beaucoup .
      N’hésitez pas à venir échanger et à me dire ce que vous lisez, vos ressentis.

      Bonne journée Loiret

      J’aime

Je laisse un commentaire